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Une route. Une longue, longue route, tellement longue que Phoebe s'endormait presque contre le volant de la Magenta Mobile. Comme toujours, Phoebe conduisait et s'était bien entendu chargée de la musique l'enveloppant en avant: long road out of eden, The Eagles, qui n'aurait pu contraster davantage avec la musique de Madonna se faisant entendre à l'arrière de la caravane, où ses 3 compagnes de voyage essayaient les costumes dont elles avaient fait l'acquisition récemment, se demandant lequel mettre. Comme souvent, Phoebe choisirait quant à elle au hasard, sachant pertinament que tout comme l'habit ne fait pas le moine, le costume ne fait pas la danseuse. Ses paupières étaient de plus en plus lourdes, et ce n'est que le contact froid des doigts de Yulin qui la ramenèrent à la réalité. Ah, oui. Déposer les filles. Elles se trouvaient à Nashville, et bien des bars étaient en vue. L'objectif, comme souvent: déposer les Magenta Doves aux quatre coins de la ville pour trouver des endroit où elles pourraient se produire en spectacle et se rencontrer en soirée au Tootsie's Orchid Lounge, là où Phoebe allait négocier une possible représentation. Elle s'arrêta et, décernant un sourire à Yulin qui descendait, lui souhaita bonne chance.

« Si ça peut aider, hésite pas à exhiber tes jambes! »

Ce genre de plaisanteries idiotes était chose courante chez elle, quand elle s'adressait à ses trois compagnes de voyage. La majeure partie du temps, Phoebe parlait d'une manière plutôt énigmatique, se contentant de donner les informations aux gens de façon détournée, souriant de leur désarroi et du trouble évident qui naissait en eux. Rapidement, Alice et Rosalyn quittèrent également la Magenta Mobile pour laisser Phoebe seule à l'intérieur de la voyante caravane, changeant la musique d'ambiance en préférant les Rolling Stones aux Eagles. Battant la mesure de ses pouces posés sur le volant zèbré du véhicule, elle plissa les yeux en apercevant un signe: Tootsie's Orchid Lounge, sortie à droite. Parfait, elle y serait donc dans bien peu de temps et pourrait au passage étirer son corps fourbu. Se stationnant dans l'espace plutôt restreint, prenant à elle seule deux espaces de stationnement, la superbe jeune femme coupa le contact et sortit, s'étirant comme un chat au sol. Enfin! Mine de rien, quatre longues heures de voyagement avaient de quoi éreinter qui que ce soit, même la créatrice des Magenta Doves, réputée pour son endurance hors du commun. Un sourire léger étiré aux lèvres, heureuse d'enfin sentir le sol sous ses pieds, Phoebe mit de l'ordre dans ses vêtements, soit un short argent et un haut rouge au décolleté provocant. Quoi, fallait bien marchander avec le patron du bar, non...?

Poussant la porte en y entrant, la jeune femme de 22 ans vit tout de suite de quel genre de bar il s'agissait: sombre, lumières de couleur, DJ... presque un night club, à vrai dire. Mais comme il était à peine 14 heures, l'endroit était relativement éclairé bien que le décor plutôt sombre soit en contraste évident avec la lumière du jour qu'on avait laissée entrer par les fenêtres ouvertes. S'avançant de son naturel pas assuré à la démarche féline, Phoebe s'assit sur un tabouret du bar, nullement pressée. En profitant pour jeter un coup d'oeil aux alentours, elle dénombra deux couples, trois adolescents qui semblaient bien fier d'être entrés et un jeune homme seul, à deux sièges d'elle. Son regard couleur de lune croisa celui d'un jeune homme au regard équivoque, qui la fixa sans ménagement, laissant ses yeux se promener sur son anatomie, croyant qu'elle ne le verrait pas. Mais le regard perçant que lui décerna Phoebe sembla rapidement le décourager. Comme il était éloigné et que de hausser le ton répugnait à la jeune femme, elle s'avança quelque peu en chageant de siège, s'appuyant contre le bar afin de parler de sa voix calme au barman.

« Où se trouve la patron de l'établissement? »

Le barman bredouilla une réponse avant de disparaître, revenant avec le propriétaire qui se trouvait également à être la patron. C'est sourire charmeur aux lèvres que Phoebe négocia un spectacle à un bon prix, et heureuse d'avoir trouvé où les Magenta Doves se produiraient, commanda du Jack Daniel's, l'alcool classique du Tenessee, fort et un "alcool d'hommes", selon plusieurs. Avalant d'un trait le contenu du verre et sentant le feu brûlant dans sa gorge, elle sourit. Elle se trouvait à présent aux côtés du jeune homme qui ne lui avait toujours pas accordé le moindre regard, et le jaugea du regard. L'air un peu perdu, esseulé... Il n'était visiblement pas du coin et ses amis étaient ailleurs. Reviendraient-ils? L'assentiment du patron l'avait rendue d'excellente humeur, et elle finit par prendre la parole et, contrairement à son habitude, emprunta un style de langage dont elle ne faisait jamais l'usage, d'ordinaire: la familiarité.

« Tes amis ont foutu le camp? »

[désolée, c'est nul :S]

Music Playlist at MixPod.com

Joshua avait marché toute la matinée. Il avait eu besoin de s'éloigner un peu. Il ne savait pas comment l'expliquer. Il s'était réveillé tôt, ce qui était surprenant connaissant le personnage qui TUERAIT pour rester toujours éveillé, et avait décidé de se dégourdir les jambes. Il était donc descendu du van, qui s'était arrêté au bord de la route pour la nuit, et avait marché. Tout droit. Lorsqu'on approcha l'heure de déjeuner, il sentit le soleil monter au zénith et la chaleur taper sur son dos. Il était vêtu d'un simple marcel blanc et d'un pantalon kaki, avec une casquette militaire. Il suait légèrement, pas habitué à ce semblant d'effort, mais justement il aimait bien cette sensation. Ce voyage était à l'opposé de ce qu'il était, de ce qu'il aimait, et c'était justement cet effet qu'il savourait: le fait qu'il aimait bien au final tout l'opposé de ce qu'il faisait d'habitude.

Joshua continua donc jusque son ventre l'appelle à la raison. Il avait certes des impulsions de temps à autre, mais lorsque la faim ou le sommeil l'appelaient, il ne se forçait pas plus. Par chance, il passait devant une sorte de bar au moment où son corps donnait l'alerte. Il entra donc, pour découvrir que ce n'était pas un.. simple bar. Il fut ébloui par tant de lumières, et par la musique - même si elle restait tout de même faible. Disons qu'entendre du ABBA en plein milieu du désert restait surprenant. Joshua s'installa au comptoir, et se commanda un burger au bacon & frites. Il attendit longtemps avant de se voir servir. Apparemment, ce n'était pas VRAIMENT un bar restaurant. Ils s'étaient démené pour lui faire un steak. Mais Joshua avait attendu, patiemment. En fait, non c'était juste qu'il était dans un autre monde, complètement absent. Il n'avait pas conscience de ce qui l'entourait. Ca lui arrivait quand il avait TROP faim. Et puis, les jets de lumière qui lui passaient sur le visage l'étonnaient à chaque fois et il les suivait... et revenait à fixer le bar.

« Tes amis ont foutu le camp? »

Joshua ne savait pas si la jeune fille (ou pas?) qui venait de faire son apparition dans la salle s'adressait à lui précisément. Il haussa des épaules. Au moins comme ça, si jamais elle ne lui parlait pas, il ne prenait pas de risques xDDD. Josh tourna la tête et vit que le barman s'était reculé, et que le patron faisait les cent pas. Il envoyait des regards vers sa nouvelle voisine. Il ne savait pas si c'était un regard bienveillant ou méprisant, mais en tout cas, il était insistant. Puis il regarda Phoebe, qui puait l'alcool. Joshua cligna des yeux, un peu étonné de se prendre cette odeur à cette heure.

- Euh... non, c'est moi qui suis parti.

Joshua était un peu candide des fois. Il aurait très bien pu ne pas répondre. On ne parle pas aux inconnus après tout? Mais Josh n'en avait RIEN A FOUTRE en fait. Il s'en fichait qu'on puisse avoir de mauvaises intentions envers lui ou de bonnes. Tout lui échappait. Il se gratta l'oreille discrètement et continua de manger ses frites.

Le patron revint vers Phoebe et secoua la tête négativement. Cependant, Phoebe ne semblait pas perdre ni son sourire ni sa "familiarité". Joshua revenait à lui petit à petit. Il espérait comprendre un peu ce qu'il se passait autour de lui. Pour une fois qu'il arrêtait de se la jouer nombriliste...